Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Saint Joseph Infos
9 juin 2013

Homélie du 5 05 2013

Nous avons entendu un extrait du livre des actes des apôtres. Ce texte est composé de deux passages. Au début nous sommes à Antioche de Syrie. Les membres de cette communauté de la primitive église sont des juifs convertis et des païens convertis. Il existe manifestement des tentions entre ces deux groupes. Leurs manières de vivre sont différentes. Ceux d’origine juive ont conservé les pratiques du judaïsme, ils sont circoncis, ils pratiquent un régime alimentaire particulier et les ablutions rituelles. Ceux d’origine païenne ne se sentent pas concernés par cela. La Cène est commémorée au cours du repas du Seigneur, mais si on ne peut plus manger ensemble, on ne peut plus célébrer ensemble. Au fond la question est de savoir s’il faut être juif, comme Jésus et ses disciples, pour être chrétien. La religion chrétienne est-elle une secte juive ou une nouvelle religion ? Cette question va empoisonner la vie de l’Eglise au cours du premier siècle, puis elle disparaitra naturellement.

Pour l’instant nous sommes à la fin des années quarante. Des chrétiens d’origine juive arrivent de Judée et se recommande de l’Eglise mère de Jérusalem pour imposer les pratiques juives à Antioche. C’est un beau tollé dans la communauté. On décide d’envoyer deux délégués auprès de l’Eglise de Jérusalem pour entendre les décisions des disciples du Seigneur. On délègue Paul et Barnabé, deux hommes d’origine juive de la diaspora. Et donc se tient à Jérusalem ce que l’on peut appeler le premier concile de l’histoire de l’Eglise. C’est Jacques, le cousin du Seigneur qui préside, Pierre intervient dans la discussion et Jacques confie une lettre à Jude et à Silas à destination de la communauté d’Antioche. Le texte que nous avons entendu a omis toute la discussion et reprend avec la conclusion de la réunion et le texte de la lettre. Ce qui est important dans cette lettre c’est qu’il n’est pas fait obligation de la circoncision. Il n’y a donc pas obligation d’être juif pour être chrétien. L’Esprit Saint et nous avons décidé qu’il n’est pas obligatoire de répéter la forme de ce qu’a vécu Jésus : être juif, circoncis, avoir des disciples juifs, circoncis. Etre chrétien, suivre le Christ, c’est d’abord de vivre ce qu’il a enseigné, c’est d’abord vivre « aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé », plutôt que suivre des rites figés une fois pour toutes. Fidélité n’est pas répétition. Dans un couple aimer, ce n’est pas aimer seulement, celui ou celle avec qui on s’est marié il y a cinquante ans, c’est aussi aimer celui ou celle qui est en train de vieillir à coté de soi. L’Eglise au fil des siècles va vivre cette adaptation indispensable au langage de son temps. La Bonne Nouvelle est une : « Christ est ressuscité pour notre salut ». Mais comment vivre de cette bonne nouvelle, cela peut se dire de différentes manières. L’unanimité de la foi au Christ peut se vivre dans le pluralisme des modes d’expression. Et puis il y a les manifestations de l’Esprit. Les disciples ont constaté les effets de la grâce donnée à ceux qui se convertissent. Ils ont reçu le baptême. Dieu donne la foi gratuitement.

Alors pourquoi imposer cette règle sur les viandes étouffées et le sang ? Pour que tous les membres de la communauté puissent continuer à prendre leur repas ensemble. Ceux d’origine juive ne pourraient pas faire disparaître la tradition apprise depuis leur enfance, par respect pour eux, ceux d’origine païenne adopteront aussi cette tradition. Dans un autre contexte, Paul au chapitre 8 de la première lettre aux Corinthiens reprendra cette prescription. Ce qui importe c’est de vivre ensemble, c’est de faire communauté : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaitra pour mes disciples. »

Et c’est ce que nous dit l’évangile selon Jean. La vie de foi n’est pas l’observance de règles. C’est la relation au père au travers du Christ par le moyen de l’Esprit Saint. La vie de foi, c’est l’intervention de l’Esprit du Fils prêt à se manifester en tout homme parce qu’il est donné, livré à la multitude. La demeure de Dieu, c’est celui qui croit à la Parole et la fait sienne. La Parole peut naître à tout moment au cœur d’un homme dans la pureté et la simplicité de l’Esprit. Notre conversion au Christ, la conversion de l’Eglise, passe par la libération de la source qui est en nous et que bien souvent nous ne voulons plus chercher. La conversion est toujours une Pâque, un passage difficile au travers d’une mort à nous-mêmes. La paix que nous donne le Christ c’est cet approfondissement de notre unanimité autour de Lui pour aller avec Lui vers le Père. Et cette unanimité se construit peu à peu autour de sa présence, présence dans sa parole, présence eucharistique, mais présence qui nous ouvre à la communion. « Aimons-nous les uns les autres, comme il nous a aimé. »                   Amen

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité