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Saint Joseph Infos
12 juin 2013

Homélie du 9 06 2013

Nous sommes à Sarepta. Une famine sévit dans toute la Judée. Le prophète Elie a trouvé refuge chez une veuve, dans le pays de Sidon, proche de la Méditerranée. Parce qu’elle a partagé avec Elie ses dernières mesures d’huile et de farine, un miracle s’est produit, les jarres d’huile et de farine ne se vident pas. Mais le malheur continue à la frapper : son fils, son unique meurt. Dans toutes les religions de l’époque, mais est-ce que cela ne nous effleure pas parfois encore, une mort prématurée ne peut être qu’un châtiment pour les fautes commises. Dieu se venge !

« Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils » dit la femme à Elie, l’envoyé de Dieu.

Elle emploie même une expression particulière qui est traduite par « qu’est-ce que tu fais ici ? » mais qui traduite littéralement donne : « qu’y a-t-il entre toi et moi ? ». C’est la même expression que Jésus emploiera envers Marie, sa mère, à Cana, lorsqu’elle viendra lui dire : « ils n’ont plus de vin. » Peut-être une expression qui dit : « nous ne sommes pas du même monde et tu es en train de franchir la frontière entre ces deux mondes. » Pour la veuve de Sarepta, c’est un cri de crainte et de révolte. Pour Jésus c’est surement un cri d’admiration devant la confiance et l’espérance de Marie.

Comment passer de la crainte à la confiance, de la révolte à l’espérance ?

En passant de l’ignorance à la vérité, en passant d’une image de Dieu qui rétribue ou qui punit en fonction de nos actes à une image de Dieu qui est bouleversé par la souffrance de ceux qu’il aime. En passant du Dieu des morts au Dieu des vivants.

Le Dieu de l’Alliance est le Dieu de la vie.

Cette femme, païenne, va être libérée de ses fausses idées sur Dieu !

Cette femme, une non juive, va entrer dans la famille des descendants d’Abraham. « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » avait annoncé le Seigneur à Abraham. L’Alliance n’est pas réservée à un peuple, à des adeptes d’une religion, elle s’ouvre à tous ceux qui reconnaissent que Dieu leur donne la vie. Dieu voit les larmes des veuves et des orphelins, il envoie des prophètes pour les soulager.

Et la veuve nous donne une belle définition du prophète : « Je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole de Dieu est véridique. » La Parole est vraie, parce qu’elle m’a fait passer de la crainte à la confiance, de la révolte à l’espérance et mon fils est passé de la mort à la vie.

Nous aussi nous pouvons nous enfermer dans une vision de mort, nous pouvons redire chaque matin que le monde ne va pas bien, ce qui est vrai. Mais osons aussi un regard sur tous les gestes de solidarité qui nous entourent. Osons un regard sur tous les évènements de résurrection qui sont vécus dans les lieux de rencontre et d’écoute.

Osons croire que Jésus est venu à Naïm, osons croire qu’il a été ému, bouleversé par les pleurs de la mère, osons croire qu’il a entendu le cri de son peuple. Sinon toute la Bible, toute la parole de Dieu n’a pas de sens, sinon cette parole n’est pas véridique pour nous. Sinon cette parole ne nous fait pas entrer dans la confiance et l’espérance. Sinon elle n’est pas pour nous signe de vie.

Mais Jésus pose un geste et une parole : il tend la main et dit : « Jeune homme, lève- toi ! » Un sacrement c’est toujours un geste et une parole, ensemble ils font entrer dans l’intimité de Dieu, ils mettent en relation le monde de Dieu et le monde de l’homme.

Vous avez remarqué que l’on ne connaît pas l’âge du fils décédé. Jésus lui dit « jeune homme ». Françoise Dolto interprète cette manière de parler comme une transformation. Celui qui ressuscite n’est plus tout à fait le même, il ne peut plus avoir la même relation aux autres, en particulier à sa mère. Avant il était le soutient de sa mère, son bâton de vieillesse, il était finalement le remplaçant de son père décédé. Revenu à la vie, il n’est plus d’abord enfant, il est jeune homme, il a son avenir propre, il a la vie devant lui. L’acte de Jésus l’a remis au centre de sa vie, au centre de la vie. La mère et le fils étaient ensemble dans une trajectoire de mort. Le fils vivant, jeune homme, est dans une perspective de vie, il se mariera, il donnera des petits enfants qui combleront de joie cette mère éplorée.

Jésus a fait irruption dans le cortège funéraire, la mère et la foule ont vécu l’inattendu de Dieu. En réalité, tous sont passés de la mort à la vie.

Osons nous aussi, accueillir l’inattendu de Dieu dans nos vies, ne l’enfermons pas dans nos rites.           Amen

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