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9 juin 2013

Homélie du 26 05 2013 Ste Trinité

Nous lisons depuis dimanche dernier la lettre de Paul aux Romains. C’est une lettre particulière dans les écrits de Paul. Habituellement il s’adresse à des communautés qu’il a fondées, il vient les encourager ou bien donner des réponses à des questions qui se posent sur les comportements ou bien encore il fustige des personnes qui font dévier la communauté de l’enseignement qu’il a donné.

Ici, ce n’est pas le cas. Paul n’a pas fondé l’église de Rome, au moment où il l’écrit, il n’y ait encore jamais allé, même s’il en a le désir. Il sait bien que l’importance de la ville de Rome dans l’empire, fait que la survie du christianisme passe par une présence chrétienne importante dans cette ville.

Il sait aussi que la communauté romaine est forcément la première cible des persécutions, les chrétiens sont les boucs émissaires des aléas économiques et sociaux de l’empire. Quand ça va mal, on ressoude l’unité autour de l’empereur par un massacre lors des jeux du cirque.

Il semble important à Paul d’assumer son rôle d’apôtre en prêchant l’unité et la paix au ceint de cette communauté romaine. Comme beaucoup d’église, elle a été fondée sur la base des juifs vivant à Rome auxquels se sont adjoint petit à petit des païens convertis. Il y a des tensions entre ces personnes. Faut-il être juif pour être chrétien ? Faut-il respecter la loi de Moïse ou bien peut-on s’en dispenser ?

Paul a déjà eu le problème à Antioche et avec la communauté des Galates. Dans la lettre qu’il a envoyée aux Galates il a déjà développé des arguments.

Il les reprend et les développe dans la lettre aux Romains.

Son argumentation se construit sur l’Ecriture et sur l’antériorité d’Abraham par rapport à Moïse. Abraham a été déclaré juste par Dieu avant d’être circoncis et avant que la loi soit donnée. C’est la confiance en Dieu qui inspire Abraham quand il entend l’appel : « Va quitte ton pays, va vers le pays que je te montrerai… » Et le livre de la Genèse dit : « Abraham eut foi dans le Seigneur et, pour cela, le Seigneur le considéra comme Juste. » Etre justifié, c’est être ajusté au Seigneur, c’est être en communion avec Lui. Pour Paul, le mot juste est synonyme de sauvé, le salut apporté par le Christ, c’est ce qui permet à l’homme d’être en communion avec le Père au travers du Christ ressuscité. Et la Genèse nous dit bien que c’est la foi d’Abraham qui lui permet cela. Dans la lettre aux Galates Paul écrit : « Ce sont les croyants qui sont fils d’Abraham… », comprenons : pas uniquement ceux qui suivent la Loi de Moïse. Il n’y a donc pas lieu de se battre sur cette question là.

« Dieu a fait de nous des justes par la foi ». C’est Dieu qui fait, c’est Dieu qui donne, il nous appartient de recevoir, de nous abandonner à la grâce infini de Dieu qui nous veut et qui nous attend comme ses enfants. J’aime beaucoup cette expression : « par la foi ». Il s’agit de notre réponse, qui s’égraine tout au long de notre chemin de vie, il s’agit aussi de la réponse de l’Eglise, au fil du temps, au travers du monde, sous des formes bien variées, nous sommes aussi des filles et des fils de l’Eglise.

« Nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné par la foi, l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis. »

Qu’est-ce que c’est que ce monde de la grâce ? Le monde du don parfait et gratuit, c’est le monde de Dieu, c’est l’intimité de Dieu, c’est le monde de la relation entre les personnes de la Trinité Divine.

 Le mot Trinité n’existe pas encore au temps de Paul, mais la réalité de la nature de Dieu existe, elle. Paul le comprend bien, qu’il complète sa phrase par :  « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »

Le Père aime, le Fils en Christ sauve, l’Esprit nous donne de vivre l’amour de Dieu dès maintenant.

Mais Paul, sait aussi passer de la contemplation des mystères de Dieu à la réalité parfois cruelle. La communauté de Rome peut vivre à certains moments dans la détresse, à cause des dissensions entre ses membres, à cause des persécutions. Faut-il vraiment subir tout cela pour un avenir dans l’au-delà ? Dans un autre contexte, leurs questions peuvent être nos questions ?

Paul nous dit que la détresse, elle-même, peut être un chemin vers Dieu.

Cette semaine nous lisions dans le livre de Ben Sirac : « La Sagesse conduira celui qui l’écoute par des chemins sinueux, elle fera venir sur lui la peur et l’appréhension, elle le tourmentera par la sévérité de son éducation, jusqu’à ce qu’elle puisse lui faire confiance. » C’est, je crois, une belle description du chemin spirituel. Le chemin de la foi est bien rarement un boulevard rectiligne, c’est bien souvent un chemin de montagne, sinueux, une succession de montées et de descentes. Un chemin où il convient d’être attentif aux signes de l’Esprit Saint pour vivre dans l’espérance du but qui nous est promis.

Jésus nous dit : « L’Esprit Saint reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » Ouvrons nos yeux et nos cœurs.              Amen.

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